Dans un article intitulé «Le nazisme menace de nouveau le monde», publié dans Al-Ahali, quotidien affilié à l’opposition égyptienne, l’ancien Premier ministre égyptien de la guerre, Amin Huweidi, compare la politique du président américain George Bush au nazisme d’Adolphe Hitler. Voici quelques extraits de l’article:[1]
«Notre génération a connu des jours où l’on brandissait, en Allemagne, des drapeaux nazis et des croix gammées. C’était dans les années 1930. Nous pensions qu’après la défaite d’Adolphe Hitler, le terme ‘nazisme’ disparaîtrait du lexique des hommes d’Etat. (…) Mais depuis quelques semaines, ce terme résonne de nouveau, d’abord dans la bouche de la ministre allemande de la Justice [Herta] Däubler-Gmelin, qui a déclaré que ‘la politique du président Bush ressemble à celle du chef d’Etat nazi Hitler. (…)’»
Les agissements du président Bush sont identiques à ceux d’Hitler
«Au vu de la comparaison entre le comportement du président Bush vis-à-vis de Saddam et celui d’Hitler à l’égard de l’un de ses commandants – Field Marshal [Erwin] Rommel, peut-être se trouvera-t-il quelques personnes pour appuyer les affirmations de la ministre allemande.
Avant que les canons de la guerre mondiale ne deviennent silencieux, le commandant allemand [Rommel] a connu une expérienceaffreuse : un jour, deux officiers sont venus frapper à sa porte. Quand il ouvrit, ces derniers lui firent le salut nazi, lui tendirent un pistolet chargé en clamant: ‘Hail Hitler! (…) Le Führer vous ordonne de vous suicider.’ L’homme empoigna le pistolet sans hésiter, le pointa contre sa tempe et appuya sur la détente. (…) Hitler soupçonnait ce commandant de comploter contre lui et avait donc ordonné de l’éliminer de cette terrible façon. Field Marshal ne s’est pas suicidé; il a été ‘forcé de se suicider’ (…). Seul un chef d’Etat nazi peut être l’auteur d’un tel ordre. (…)
Aujourd’hui, en ce début de 21ème siècle, c’est à peu près le même scénario qui se déroule sous nos yeux: le président des Etats-Unis exige du président irakien, au nom de la démocratie et de la liberté, qu’il détruise son arsenal militaire, y compris ses armes de destruction massive. Et s’il refuse d’obéir, Bush l’encerclera de ses forces, détruisant le Haut lieu sur les têtes de ceux qui se trouvent en son sein: hommes, femmes et enfants.
Le président Bush présente un pistolet chargé au président Saddam pour qu’il se suicide; en effet, l’obéissance à de tels ordres correspondrait à un suicide pour le président irakien, bien que ce dernier ne fasse que dire qu’il ne possède pas d’armes de destruction massive. Il s’agit en outre d’un suicide forcé qui fait écho à la tragédie de Rommel, imposée par Hitler il y a soixante ans. (…)
Mais la tragédie actuelle est incontestablement plus horrible, vu qu’il ne s’agit pas cette fois du suicide d’une seule personne, mais de tout un peuple.»
Attaquer Saddam ne mettra pas fin à la production d’armes de destruction massive
«Que veut le président Bush? Veut-il la tête du président Saddam Hussein? Voici un objectif bien naïf, car l’Irak regorge de têtes semblables à celle d”Abou Uday’ [Saddam]. Veut-il les têtes nucléaires(…) qui menacent la sécurité des Etats-Unis? Voilà encore un désir bien naïf, car les confisquer ne résoudrait rien; les effets secondaires demeureraient, et ils sont encore plus dangereux, vu que les connaissances technologiques nécessaires à leur fabrication sont acquises à jamais par les chercheurs et les fabricants concernés.
Certains chercheurs affirment que pour empêcher la prolifération de telles armes, il faudrait réunir tous les chercheurs travaillant dans ce domaine et les décapiter. (…) Mais est-il possible d’agir ainsi?»
Guantanamo est comme Auschwitz
«Sous les yeux du monde entier, et avec le consentement des organisations internationales, l’Administration américaine enferme les Afghans et d’autres encore, enchaînés et les yeux bâillonnés, pour [avoir peut-être participé] aux événements du 11 septembre, dans les camps de détention de Guantanamo, au Cuba, entourés de cages de fils de fer barbelés.
Quels que soient les crimes que ces gens ont commis, ce traitement ne sied pas à un gouvernement civilisé: il fait écho à l’ordre d’Hitler à Himmler, le sommant d’établir des camps de détention à Auschwitz, en Pologne, et à Mauthausen, en Autriche, afin d’y placer des milliers de personnes. C’est cette sale affaire qui a plus tard donné lieu au procès de Nuremberg.
Ainsi ont agi les nazis, que nous avons haïs et inscrits dans les pages noires de l’histoire. Rien n’est plus honteux que ces agissements américains, qui leur font écho. Ils ternissent (…) la réputation des Etats-Unis, de leur Administration et de leur peuple. (…)»
Les idées du Président Bush rappellent celles d’Hitler dans «Mein Kampf»
«Hitler voulait plus de Lebensraum [espace vital] pour les Allemands. (…) Il s’agissait d’un espace [de taille] variable, que rien ne définissait si ce n’est la volonté des Allemands [Willensbildung]. (…) ‘Ce n’est que par la conquête d’un espace vital étendu qu’un peuple peut assurer sa survie et son existence. Notre espace vital se trouve à l’Est. La nature accorde la terre uniquement à ceux qui ont le pouvoir de la conquérir.’
Cela ne peut se faire qu’en obéissant aux lois de la guerre et de la survie, écrit Hitler dans Mein Kampf: ‘Le monde est une jungle où seuls les plus forts peuvent vivre et où seuls les puissants peuvent régner. (…) La providence a accordé le droit de gouverner au peuple aryen, vu que le mérite de toutes les oeuvres de l’humanité lui revient. (…)’ [2]
Ces mots sont clairs: l’hégémonie qu’Hitler voulait exercer en Europe représentait la clé de l’hégémonie sur le monde, mais pour y accéder, il fallait que l’Allemagne soit forte. Or elle ne pouvait devenir forte qu’en se débarrassant des restrictions qui lui étaient imposées par le Traité de Versailles, qu’en quittant la Ligue des Nations et en refusant d’assister aux conférences sur le désarmement.
Soixante-dix ans plus tard, le président Bush souhaiterait que le budget [américain] de la Défense atteigne 355 milliards de dollars. Son intention est qu’en 2005, les dépenses de la Défense soient égales aux budgets de tous les autres pays du monde réunis, afin de régir le monde conformément aux principes énoncés en septembre 2002, dans sa ‘Stratégie américaine de sécurité nationale’, d’après laquelle les Etats-Unis sont en droit de déclarer une guerre préventive contre quiconque menacerait leur sécurité nationale, afin d’empêcher tout pays ou ensemble de pays de défier leur supériorité militaire – ‘Quiconque n’est pas avec nous est contre nous.’
Voilà qui accorde aux Etats-Unis la liberté d’agir indépendamment, leur permettant même [d’ignorer] la légitimité internationale. (…) Comme nous pouvons le constater, les propos d’Hitler dans Mein Kampf pâlissent face aux agissements de l’Administration américaine, aussi bien aux Etats-Unis qu’en dehors de leurs frontières. (…)»