Dans un article du quotidien saoudien Arab News, le chroniqueur saoudien Amr Mohammed Al-Faysal se montre surpris du peu de droits dont bénéficient les femmes dans son pays. Voici quelques extraits de l’article:[1]
La loi saoudienne ne permet pas aux femmes de diriger une affaire, même si elles en sont propriétaires
«J’ai suivi avec le plus grand intérêt les nouvelles du récent forum économique tenu à Djedda. L’un des principaux thèmes était la présence de femmes d’affaires saoudiennes au forum. J’ai évoqué avec l’un des délégués, un célèbre avocat saoudien, le rôle important de ces rassemblements qui motivent et encouragent les femmes d’affaires à faire connaître leur contribution à l’économie nationale. Mais cet avocat m’a dit de ne pas me laisser impressionner par de telles idées; avec un immense sourire, il m’a demandé si je savais que la loi saoudienne ne permet pas aux femmes de diriger une affaire, même quand celle-ci leur appartient.
Il s’est ensuite lancé dans des explications sur ces lois commerciales qui interdisent aux femmes la direction d’affaires. Une femme qui possède une société ou même un groupe de sociétés d’une valeur de plusieurs millions de riyals doit nommer un gardien ou un agent à la direction de son affaire, comme si elle était mineure ou sans expérience et incapable de gérer ses finances. Les femmes sont apparemment autorisées à travailler comme employées dans leurs propres entreprises, mais ne peuvent les diriger que par le biais de leur agent masculin. A franchement parler, je ne savais rien de tout cela. Je remercie Dieu qu’il n’y ait pas encore eu de fuites de telles informations vers d’autres pays.
Vous êtres peut-être conscients du fait que certains citoyens saoudiens – dont je fais partie – n’ont cessé, depuis le 11 septembre, de discuter avec des délégations étrangères en visite au pays. Ces gens viennent de partout, principalement de pays occidentaux. Nous tentons de leur expliquer la situation dans notre pays pour corriger les idées fausses qu’ils ont sur le Royaume, ses lois et ses traditions.
Or ces individus nous reprochent de persécuter les femmes, affirmant que celles-ci sont privées de droits et de liberté. De nombreuses discussions, parfois passionnées et enflammées, tournent autour de ce thème. Avec l’aide d’un certain nombre de Saoudiennes, nous essayons de leur montrer que leur perception des choses n’est pas juste à 100% et qu’il existe en fait une variété d’opinions sur la question.
Certaines données sont difficiles à défendre, comme l’interdiction de conduire pour les femmes ou de participer aux activités sportives pour les filles dans le cadre de leurs études. Nous répondons toutefois par des arguments qui nous semblent un tant soit peu convaincants et qui ont l’avantage de nous disculper de l’accusation selon laquelle nous persécuterions les femmes. Nous nous référons invariablement aux droits que l’islam accorde aux femmes, dont celui d’acquérir et de gérer des richesses.»
Je crains que ce sujet ne devienne une source de grand embarras pour … tous ceux qui s’appliquent à défendre le Royaume.
«Mais après avoir appris que les lois saoudiennes interdisent aux femmes de gérer leurs propres affaires, je crains de me trouver, avec tous ceux qui s’évertuent à défendre le Royaume, dans une situation très embarrassante. Il se peut que nous ne soyons pas capables de trouver de bonnes raisons à ces interdictions, érigées dans un pays qui est le berceau de l’islam.»
[1]ArabNews.com, le 28 janvier 2003