Dans un article du quotidien saoudien Al-Sharq al-Awsat,[1] le chroniqueur Walid Abu Murshid cite quatre raisons pour lesquelles les Arabes devraient accueillir favorablement la candidature du sénateur Joseph Lieberman à la présidence des Etats-Unis. Voici quelques extraits de cet article :
« Dernier [des candidats à la Maison blanche] mais pas moins important, le sénateur Joe Lieberman (Connecticut) – ancien candidat à la vice-présidence sur la liste d’Al-Gore – a annoncé son intention de participer à la course à la présidence en défendant une position censée sauver ‘le rêve américain’ en voie de disparition sous Bush.
Ce que le candidat Lieberman n’a pas précisé, c’est que le ‘rêve américain’ s’est transformé en cauchemar sous le règne de Bush. Et ce qu’aucun candidat à la présidence américaine n’a révélé jusqu’à présent, c’est sa position face au dernier épisode colonialiste du 21ème siècle : l’occupation israélienne de la rive Ouest et de Gaza.
Le Moyen-Orient peut-il attendre quelque chose de positif de la part de candidats qui ne soufflent mot sur le sujet ? Peut-être est-il trop tôt pour espérer une prise de position ouverte sur le problème palestinien et la guerre préventive de George Bush contre le terrorisme, laquelle en est encore à ses débuts.
La réaction toute en retenue des Juifs américains en apprenant que Joseph Lieberman, le Juif orthodoxe, serait candidat à la présidence, nous encourage à privilégier ce candidat. »
Toutes les fautes retomberont sur les Juifs
« La première raison de cette prédilection est la réserve manifestée par les Juifs eux-mêmes, la crainte que ‘les Juifs ne soient accusés de toutes les actions de l’Administration américaine’ – comme l’a fait remarquer l’Anti-Defamation League [sioniste] -, crainte qui pourrait conduire le président juif à proposer aux Palestiniens ce que l’unique président catholique (John Kennedy) et les dirigeants de toutes les dénominations protestantes qui lui ont succédé à la Maison blanche – Bush le dernier – n’ont jamais offert. »
Il devra prouver qu’il est américain avant d’être juif
« La deuxième raison est que le premier président juif des Etats-Unis devra prouver qu’il place son Administration avant sa judéité. La meilleure preuve qu’il pourrait en apporter serait de régler le conflit au Moyen-Orient sans parti pris juif et en donnant la priorité aux intérêts américains dans la région. »
Il défendra les ambitions des minorités non-chrétiennes aux Etats-Unis
« La troisième raison est l’ouverture d’esprit que nécessite le fait d’envisager un Juif à la présidence des Etats-Unis. Si l’ouverture d’esprit des Américains peut aller jusqu’à leur faire confier la gestion des affaires nationales à un Juif, l’avenir sourit aux minorités non chrétiennes. »
Cela pourrait encourager des tendances antisémites aux Etats-Unis
« La quatrième raison est l’éventualité que l’électeur américain refuse de confier ses affaires à un président non-chrétien. Un tel refus pourrait donner naissance à des courants antisémites qui pousseraient les organisations sionistes aux Etats-Unis à entrer en confrontation avec l’Establishment protestant anglo-saxon en Amérique. Toute conflit intérieur aux Etats-Unis mettant en scène des organisations sionistes pourrait, à la longue, réduire l’influence sioniste à Washington. »
[1] Al-Sharq al-Awsat, le 19 janvier 2003