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27 December 2002
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Le Dossier Guinossar

Les 5 et 6 décembre 2002, le quotidien israélien Maariv publiait un long rapport intitulé “Dossier Guinossar”, réalisé par le journaliste Ben Caspit. Ce rapport dénonce l’implication d’un ancien haut responsable des services de sécurité israéliens et conseiller privé de plusieurs Premiers ministres israéliens (dénommé Yossi Guinossar) dans la gestion des fonds de l’Autorité palestinienne en échange de commissions, ainsi que les dividendes qu’il aurait accordés à certaines personnalités. Caspit dit avoir obtenu toute l’information d’Ozrad Lev, associé de Guinossar.

Ce rapport a suscité de vives réactions au sein de la population et des médias israéliens. Le 12 décembre, Akiva Eldar, chroniqueur à Haaretz, fournit des renseignements supplémentaires. Le 19 décembre, Caspit et le reporter Ami Ben-David indiquent dans Maariv que le Conseiller juridique du gouvernement, Eliakim Rubinstein, a ordonné une enquête sur l’affaire. Pour commencer, déclarent-ils, l’enquête se focalisera sur une fausse déposition soumise à la Haute cour de Justice par le premier assistant du Premier ministre Ehoud Barak.

Voici le rapport au complet: le Dossier Guinossar, suivi du supplément d’Haaretz, et de la décision du Conseiller juridique du gouvernement  d’enquêter sur l’affaire, telle qu’elle est rapportée par Maariv. 

Le Dossier Guinossar

L’affaire des 300 millions de dollars: Comment l’ancien numéro deux du Shin Beth a établi l’empire financier de Yasser Arafat

Toute l’histoire, par Ben Caspit

Ozrad Lev, ancien officier des services secrets militaires, adjudant-major et homme d’Affaires pour un temps chargé, en collaboration avec Guinossar, de la gestion du compte en banque secret de l’Autorité palestinienne en Suisse, avoue: “Je ne pouvais pas continuer à vivre en me disant que j’avais pris part, même si ce n’est que passivement, à des agissements illégaux, contraires à tout sens de l’éthique, comprenant l’attribution illicite de dividendes et impliquant des conflits d’intérêts et un comportement suspect.” Il a décidé de tout confier à Maariv: les intérêts contradictoiresde Guinossar, la corruption, les centaines de millions soudainement disparus et le silence dont il s’est rendu coupable, n’ayant pas prévenu les autorités qu’une partie de cet argent avait peut-être servi à financer le terrorisme. ARC est le nom donné par Guinossar à la société de gestion créée avec Ozrad Lev. En hébreu elle est un acronyme de l’expression: “Nous voulons de l’argent”. Au plus fort de leurs activités, le messager spécial du Premier ministre [Guinossar] et l’officier des services secrets [Lev] ont gagné des millions, somme qui ne représente toutefois qu’un infime pourcentage des fonds de l’Autorité palestinienne que les deux hommes ont réussi à canaliser grâce à la prestigieuse banque suisse Lombard Odier et à un réseau complexe de holdings et d’investissements boursiers. Leur associé dans toute cette affaire n’était autre que le confident d’Arafat, son conseiller financier: Mohamed Rachid. Les spéculateurs de la paix ont amassé des millions pendant que la famine sévissait à Gaza, et ils ont continué de se partager le gâteau après que l’explosion de l’Intifada eut semé l’inquiétude et l’appréhension dans les rues d’Israël. Guinossar a d’abord essayé de taire l’affaire: “Ne dis rien à personne”, a-t-il ordonné à Lev en apprenant que Maariv enquêtait. Voici tous les détails de ce blanchiment d’argent qui a provoqué une tempête nationale:

“J’ai besoin d’un sérieux coup de main” dit Mohamed Rachid. “Nous, l’Autorité palestinienne, possédons des fonds importants à la banque arabe de Ramallah. L’argent s’accumule grâce aux bénéfices de nos sociétés financières et à l’allègement fiscal que nous obtenons d’Israël. Nous voulons faire fructifier cet argent, en tirer plus de bénéfices. J’aimerais que vous vous proposiez au poste que je soumissionne, au poste de conseiller financier. Proposez-vous!”

Ozrad Lev l’écoutait parler avec grand intérêt. Une demi-heure plus tôt, il avait été convoqué de toute urgence par Yossi Guinossar pour aller rencontrer Mohamed Rachid à l’hôtel Hilton de Tel-Aviv. C’était en février 1997. Le [nouveau] Premier ministre était Benjamin Netanyahou. Les échos de la paix résonnaient encore dans toute la région, mais ceux qui avaient la vue perçante pouvaient déjà discerner de menaçants nuages noirs pointer à l’horizon.

Lev, ancien officier des services secrets de l’armée, connaissait bien Guinossar. Les deux hommes étaient amis de longue date. En revanche, il ne connaissait pas du tout Rachid (qu’il n’avait rencontré que deux fois à des réunions organisées par Guinossar, lesquelles n’avaient rien donné). Il observait à présent le mystérieux expert palestinien et se mit à comprendre: il n’y avait ni proposition, ni poste vacant. Tout cela n’était que du cinéma. S’il l’avait voulu, Rachid aurait pu engager un prestigieux cabinet pour gérer cet argent – Merrill Lynch par exemple. Mais il voulait Lev, conseiller financier à son propre compte et gérant de portefeuilles, pour une raison toute simple: il avait besoin de secret, de discrétion, d’agir par derrière, de compartimenter. Yossi Guinossar, personnage tout puissant à la cour d’Arafat et “frère” de Rachid, représentait la clé de l’affaire. Guinossar donna son approbation. Rachid acheta.

Rachid dit ensuite: “A la banque, nous recevons 5 ou 6 % d’intérêt. Ca ne vaut pas le coup de déplacer l’argent pour des pourcentages de cet ordre. On parle ici d’argent souple… On peut chercher à investir avec imagination. Prendre des risques. Avec un minimum de discrétion, on peut procéder à certaines manœuvres.”

Une mission impossible

Il fallut à Lev plusieurs jours pour monter et proposer un plan. Il fallut à Rachid  24 heures pour l’accepter: “Nous vous avons choisi. Commencez le travail. De quoi avez-vous besoin?” demanda-t-il à Lev, qui répondit: ” Je vais m’y mettre; je vais me rendre à Genève et à mon retour, vous me paierez.”

Après la rencontre, Guinossar s’est écrié: “Je ne veux rien de toi. On n’est pas collaborateurs. A la fin, si tu le souhaites, tu pourras me donner quelque chose.” Lev précise qu’il se doutait bien que ce n’étaient là que des mots.

Sa première tâche lui parut impossible: il s’agissait de convaincre la respectable banque suisse d’ouvrir ses portes aux fonds palestiniens suspects. Les années précédentes, les banques suisses s’étaient trouvées au centre de scandales financiers. Le fait qu’elles aient pu utiliser l’argent de tyrans comme Mobutu Sese Seko [Zaïre] et Ferdinand Marcos [Philippines] sans chèques de contrôle avait donné lieu à de nombreux soupçons. Des enquêtes avaient été menées, des scandales avaient éclaté; les banques avaient dû se justifier. Dès lors, les Suisses avaient durci les régulations afin de compliquer l’intrusion d’argent ‘politique’ dans le système.

Il semblait donc inutile d’essayer de faire entrer Yasser Arafat et Mohamed Rachid dans le système. Lev décida pourtant de tenter le coup. Et il réussit. Au bout de quelques mois, en avril 1997, Mohamed Rachid avait déjà un compte d’investissements en bonne et due forme en Suisse. Qui plus est, ce compte se trouvait dans l’une des banques les plus prestigieuses et les plus solidement établies du pays: la banque Lombard Odier de Genève. Cette banque, dirigée par sept associés, se trouve au centre de Genève et gère quelques 130 milliards de francs suisses pour une variété de clients. Lev réussit à faire entrer les fonds d’une entité très controversée, contrôlée par un seul et unique tyran, contaminée par le terrorisme et sujette à une gestion extrêmement problématique, dans le Saint des Saints, la crème des banques suisses. Aujourd’hui encore, il ne sait trop comment il s’y est pris: “J’ai fait d’une sale oreille de truie un porte-monnaie de soie blanche comme neige”, explique-t-il.

Certificat de probité

Le personnage clé est Richard de Tscharner, l’un des principaux associés de la banque Lombard Odier. Un véritable aristocrate suisse, descendant d’une illustre famille de Berne. Il jouit lui-même d’une haute réputation de banquier et son mot d’ordre, c’est le droit. Lev et lui se sont tout de suite entendus. Lev a présenté les choses de façon convaincante: “Il s’agit d’un Etat en construction”, a-t-il dit. “Dans quelques années, ils auront des milliards à leur disposition; ça vaut le coup d’investir. Ils jouissent d’institutions financières, d’une bonne gestion; le processus de paix va bon train; l’ambiance est positive.” Afin de rassurer le Suisse, Lev proposa à de Tscharnerde mettre au point une “lettre de restrictions”, que lui-même rédigerait et qui serait signée par Mohamed Rachid sur le papier à entête d’Arafat. Cette lettre contiendrait une série de régulations assurant que cet argent resterait “cachère”, qu’il ne serait pas utilisé n’importe quand et n’importe comment.

De Tscharner se montra intéressé. Lev revint avec une lettre toute prête. La principale régulation était que l’argent ne pourrait quitter le compte que pour retourner à l’une de ses branches d’origine. Tout le complexe des investissements serait tenu par une société de gestion créée spécialement pour ces fonds. La société fut appelée “Ledbury”. La lettre stipulait également que l’argent ne pourrait être utilisé illicitement au financement du terrorisme, au trafic de drogue, etc. Elle précisait que si Lev quittait son poste deconseiller financier de la Ledbury pour quelque raison que ce soit, la banque pourrait décider de restituer les fonds à l’investisseur dans les 24 heures et fermer le compte.

Cette lettre est devenue le certificat de probité de Lev. Grâce à elle, il réussit à se donner bonne conscience, à tranquilliser le Suisse et à dormir sur ses deux oreilles, sûr que les fonds ne seraient pas utilisés à des fins indésirables. Ledbury, société de gestion financière, a été créée pour isoler le complexe financier palestinien – mis sur pied par Lev en Suisse – de tout contact avec les Israéliens. C’est Lev qui a créé la société, qui l’a enregistrée auprès d’un avocat à Londres, qui a ensuite remis les documents à la banque Lombard Odier et à Rachid. Dans sa “lettre de restrictions”, il a inclus une régulation obligeant les Palestiniens à employer un comptable de premier ordre pour veiller au bon déroulement des activités de Ledbury. Cette “restriction”, comme tant d’autres, n’a jamais vraiment été appliquée. Il fut aussi décidé que Yasser Arafat se chargerait de nommer les directeurs de Ledbury, que seul Arafat serait habilité à opérer des retraits. Lev écrivit un premier jet de la lettre et la présenta à de Tscharner, qui lut et approuva.”Ca a l’air parfait”, dit-il. Après quoi, Lev fut convié à une audience spéciale en présence de tous les associés de la banque. Ils s’installèrent dans la luxueuse salle de conférences, interrogeant Lev pendant près de trois heures. A la fin de l’interrogatoire, tout le monde était satisfait et d’excellente humeur. Quant à Lev, il avait du mal à croire à ce qui lui arrivait.

Un somptueux mariage

Pendant ce temps, Mohamed Rachid s’était rendu à Gaza pour obtenir d’Arafat la permission de signer la lettre, et il la ramena signée. La banque Lombard Odier en prit possession et ouvrit le compte. Lev établit un mémorandum et un ensemble de régulations concernant le fonctionnement de la société, lesquelles précisaient que tous ces fonds étaient la “propriété du peuple palestinien.” Les signataires étaient Yasser Arafat et Mohamed Rachid, les actionnaires le peuple palestinien. Le conseil administratif était naturellement composé de Rachid et Arafat. Ozrad Lev reçut un droit de procuration total pour toutes les opérations se rapportant à la société, mis à part les transferts monétaires et les retraits. Lev confia le mémorandum et l’ensemble de régulations à Rachid. Ce dernier se rendit à Gaza, fit signer tous les papiers à Arafat et s’en revint avec les documents dûment signés et deux photos de passeport: l’une de lui et l’autre de Yasser Arafat.

Le passeport palestinien numéro 1, celui d’Arafat, se retrouva dans un coffre de la banque Lombard Odier. Contrairement à leur habitude, les Suisses étaient fort excités: ce n’est pas tous les jours que la photo d’un ancien terroriste de renommée internationale atterrit à leur porte. Ledbury était née. Rachid commença par faire un transfert de 20 millions de dollars. Les choses allaient bon train. Les millions continuèrent d’affluer de Ramallah vers la Suisse à une allure toujours plus rapide. Le portefeuille Ledbury, à son sommet, valait 340 millions de dollars, presque intégralement abrités par la banque Lombard Odier, le reste se répartissant entre trois organismes financiers qui vinrent s’ajouter par la suite. L’argent palestinien faisait son entrée dans la forteresse des opérations bancaires internationales. L’avenir semblait rose, chargé de bénéfices et regorgeant de liquide.

Charme et énergie

Rachid travaillait à ses débuts comme journaliste pour le magazine du Front démocratique Al-Hurriyya. Sa première femme était une journaliste palestinienne. Il a ensuite épousé deux autres femmes: une jeune chrétienne de Ramallah, puis Dina Sarraj, fille de l’homme d’affaires Imad Sarraj, à laquelle il est actuellement marié. Leur mariage, célébré au Caire, réunit un grand nombre de personnalités israéliennes issues des milieux de la politique et de la finance ainsi que de la haute société. Somptueux, fastueux, ce mariage demeure un événement inoubliable. Des responsables politiques israéliens y ont dansé aux côtés de leurs homologues égyptiens et jordaniens.

Rachid n’est pas palestinien. Il est d’origine kurde, et en tant que tel n’est pas considéré comme une menace, ni par Arafat, ni par aucun de ses éventuels successeurs. Avant de travailler pour Arafat, il était l’homme de confiance d’Abou Jihad: Abou Jihad l’a dépêché jusqu’à Chypres et nommé éditeur du magazine Al-Bilad. Dans les années 80, Rachid fut recherché par Interpol. Il n’a jamais dit pourquoi. On suppose qu’il s’est trouvé mêlé à une affaire d’exportation de diamants. Il a changé de nom pour devenir Khaled Salam et échapper ainsi à la chasse à l’homme internationale dont il était la proie. Quand Arafat a quitté Beyrouth pour Tunis, une amitié s’est créée entre les deux hommes, amitié qui finit par devenir un véritable lien de fraternité. Rachid procédait à des trafics d’or et de diamants pour Arafat, prouvant qu’il était en mesure de créer de gros bénéfices et de beaux dividendes. Il devint progressivement l’homme de confiance du dirigeant palestinien.

Rachid connaît mieux la haute société israélienne que nombre de politiciens israéliens. Lev lui a une fois demandé, à Londres: “Que va-t-il advenir sous Bibi?” Rachid a gardé son calme. “Je rencontre ses hommes aujourd’hui” a-t-il répondu, paisiblement. Il se vante fréquemment, en présence de proches amis arabes, de ses influentes connaissances. Doté d’une intelligence rare, il est en outre très charismatique, possède un esprit extrêmement vif et une bonne dose d’assurance. Il passe le plus clair de son temps en avion, voyageant de continent en continent, en première classe. Toujours en retard, il lui arrive de faire patienter les banquiers pendant deux ou trois jours. Puis il se présente mal rasé, élégamment dépareillé, mais au bout de cinq minutes de charme et d’énergie concentrée, il parvient à se faire pardonner tous ses méfaits.

Un beau jour, après la création de Ledbury et après que Rachid et Lev se furent rapprochés, Lev conduisait Rachid de Tel-Aviv à Jaffa, où se tenait une réunion. Sur le chemin, au niveau de Promenade Herbert Samuel, ils croisèrent un groupe de Hassidim Breslev qui dansait et sautait sur le toit d’un camion. “Que penses-tu de cette gens-là?” demanda Lev à Rachid. “Je les adore”, répondit Rachid. “Ce sont nos soldats. Tu vois tout ce qui nous entoure?” demanda-t-il à Lev, interloqué, “…ces hôtels, cette promenade, tout cela?Un jour, tout cela nous appartiendra, grâce à eux.”

Rachid est un observateur efficace de la société israélienne. Il côtoie sans cesse des dirigeants israéliens et des personnalités publiques. Ses amis sont nombreux à droite. Il est considéré comme un modéré qui accorde aux choses leur juste valeur, également capable de faire marcher une entreprise malhonnête. Il sait parfaitement distinguer entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas, mobiliser l’information nécessaire, et pas plus, au moment opportun… Il peut se rendre dans cinq pays différents le même jour, être présent à huit réunions d’affaires traitant d’une variété de sujets, et faire toujours preuve d’une bonne compréhension des sujets abordés. Séduisant, capable de motiver les gens grâce à son intarissable énergie, Rachid a fait son chemin jusqu’aux échelons supérieurs de la société. Il vit comme un prince, dépense comme un roi et se conduit comme un empereur. Généreux, cruel, charmeur, non-conformiste, il méprise toutes les règles de la bonne gestion, toutes les réglementations d’ordre administratif, les lois comme les règles de l’éthique.

Lev s’est une fois plaint à Rachid de ce qu’une grande partie de ses dépenses n’était pas couverte. Se levant de sa chaise, Rachid conduisit Lev au coffre situé à quelques pas, en sortit 60 000 dollars et les lui lança. Lev rechigna: “Fais-moi un transfert en bonne et due forme” suggéra-t-il. Rachid, pas du tout décontenancé, demanda à son assistant d’effectuer le transfert. Deux jours plus tard, Lev découvrit 100 000 dollars sur son compte en banque. Rachid procède sans autorisation, sans reçus, de son propre chef. L’argent du peuple palestinien se trouve entièrement entre ses mains et sous sa garde. Il ne craint personne. C’est juste une affaire entre lui et Arafat.

Le début des ennuis

L’année 1997 se passa agréablement pour les deux associés. Lev se rendait à Ramallah presque chaque semaine, parfois très tard dans la nuit. Il devenait de plus en plus proche de Rachid. Guinossar manifestait sa désapprobation. La proximité grandissante entre Lev et Rachid fut à l’origine des ennuis qui allaient affecter les bonnes relations de Guinossar et Lev. Rachid “appartenait” à Guinossar et tous ceux qui s’en approchaient de trop près s’exposaient.

Mais à cette époque, tout allait encore bien. Une fois que la banque Lombard Odier eut accepté les fonds palestiniens, toutes les portes s’ouvrirent. Lev monta trois autres sociétés de gestion financière : Soditic, une société de gestion financière tenue par des Juifs à Genève; Atlas Capital, une respectable agence d’investissements à Londres; et la famille Samoukha en Suisse.

Soditic et Atlas reçurent chacune des dizaines de millions de dollars de Rachid, et entreprirent d’investir l’agent dans le cadre de Ledbury. Le compte de la banque Lombard Odier ne cessait de grossir.

La famille Samoukha mérite une mention spéciale: il s’agit d’une famille juive ayant quitté Alexandrie pour la Suisse à la suite de la Révolution des officiers libres en Egypte, dans les années 50. La légende raconte qu’ils sont arrivés avec quelques 50 millions de livres sterling en argent liquide. Richard Samoukha, le “paterfamilias”, se fit un nom en investissant dans des obligations convertibles. Avocat (ayant reçu son diplôme à Londres), il a deux fils: Jeremy, qui travaille dans la gestion financière à Londres et Tony, qui travaille pour lui à Genève.

Avant même de contacter la famille Samoukha, Lev avait compris que Guinossar n’avait nullement l’intention de le laisser gérer seul les fonds palestiniens. La déclaration historique selon laquelle il ne souhaitait pas collaborer devint un objet de plaisanterie. Le jour où les deux hommes se rencontrèrent chez Guinossar, à Kokhav Yaïr, Guinossar dit: “Combinons toutes nos sociétés, toutes nos activités et établissons un véritable partenariat.” Lev ne fit aucune objection. Et Guinossar d’ajouter: “Nous nous associerons dans tous les domaines. Brichrobe compris.”

Corruption et irrégularités

Brichrobe s’avéra être un holding extra territorial appartenant à Guinossar et au professeur Steve Cohen. Richard Samoukha l’avait mis sur pied et enregistré. Cohen, Juif américain connu pour son engagement en faveur de la paix, s’occupe notamment des affaires du Centre Daniel Abraham pour la paix au Moyen-Orient et la coopération économique (centre multimillionnaire), parle l’hébreu couramment et est bien connu de tous les dirigeants du Moyen-Orient. Il a rendu visite à Hosni Moubarak [président égyptien], au Roi Hussein [de Jordanie, aujourd’hui disparu], à Assad [président syrien], à Fahd [roi d’Arabie Saoudite], à Arafat, Barak et même Netanyahou. C’est un homme corpulent, distrait, talentueux, qui fréquente depuis longtemps les palais, les couloirs du pouvoir au Moyen-Orient, fait la navette entre Riad et Jérusalem, Damas et Ramallah, le Caire et Amman. Il a été particulièrement remarqué pour ses efforts de médiation entre Assad et Israël, Arafat et Jérusalem.

Lev comprenait à présent que le professeur Cohen ne se contentait pas de parler de paix – il en vivait aussi très bien. Cohen avait fait la connaissance de Guinossar dans le cadre de leurs activités communes pour les prisonniers de guerre et les Israéliens portés disparus. Cohen avait plaidé la cause de Guinossar auprès d’Arafat, lui avait présenté le Raïs [le président Arafat] et tracé le chemin jusqu’au cercle des intimes. En échange, Guinossar avait monté Brichrobe avec lui et, grâce aux bons services de Mohamed Rachid, les deux hommes avaient gagné des millions. Et voilà que Lev s’entendait annoncer par Guinossar: “Je veux que cet argent se trouve aussi ici – qu’il soit partie intégrante de notre entreprise commune.”

Lev ne comprit pas bien de quel argent il parlait. “Nous recevons de l’argent des contrats entre Israël et l’Autorité palestinienne sur le ciment et le carburant”, expliqua Guinossar. “A partir de juillet, je veux que tu investisses aussi. Je veux réduire la part de Steve. Il ne fait rien. Il se promène à travers le monde en faisant passer tous ses frais sur le compte de la société. Il n’y a aucune raison qu’il continue de recevoir 50%. Il peut se contenter d’un tiers.”

Lev écoutait avec intérêt, tandis qu’un signal d’alarme se déclenchait dans son esprit: “Si Guinossar peut faire ça à Cohen aujourd’hui, il peut me faire la même chose demain.” De toutes façons, Lev se doutait bien que Guinossar n’avait pas réellement l’intention de lui donner une part des bénéfices de Brichrobe. Ce n’était qu’une tactique pour saisir le contrôle du réseau financier établi par Lev pour les Palestiniens en Suisse. “Je te fais entrer à Brichrobe”, proposa-t-il à Lev, “et tu me fais entrer à Ledbury.”

Lev comprit ce qui se préparait, mais ne put l’arrêter. Il présenta Guinossar à Richard et de Tscharner: “J’aimerais que vous rencontriez l’ami israélien le plus proche d’Arafat”, dit-il à Tscharner. “La situation politique, en Israël comme chez les Palestiniens, est entre ses mains. Il pourra répondre à toutes vos questions.”

Tscharner avait justement de nombreuses questions à poser. Des rapports d’enquêtes faisant état de corruption et d’irrégularités au sein de l’Autorité Palestinienne commençaient à paraître. A chaque fois qu’un rapport de ce type était publié, de Tscharner appelait Lev pour avoir des explications. A chaque fois que Mohamed Rachid rencontrait de Tscharner à Genève, le banquier lui posait des questions. Rachid le tranquillisait par l’une de ses “performances sociales”. Guinossar aussi entreprit de donner des explications.

Aventures financières

Entre temps, l’association entre Lev et Guinossar prenait forme. Pour eux, Samoukha mit sur pied une société de holdings extraterritoriale nommée Gromingo holdings. La société recevait ses honoraires de gestion directement de la banque Lombard Odier et des autres sociétés financières (Soditic, Atlas et Samoukha), honoraires répartis entre Lev et les compagnies privées de Guinossar. Les deux hommes conclurent un accord avec de Tscharner et Rachid sur la commission qu’ils toucheraient; il fut convenu qu’elle serait proportionnelle au portefeuille des investissements de la Ledbury. Il fut également convenu dans le cadre de cet accord que l’argent ne serait pas versé par les Palestiniens, mais uniquement par la banque et les institutions financières (qui ont aussi payé la part des Palestiniens, en coordination avec Rachid, la déduisant du compte). C’est ainsi que Guinossar et Lev s’arrangèrent pour ne pas recevoir d’argent directement des Palestiniens. Au plus fort de leurs activités, ils ratissaient près de deux millions de dollars par an (avant déductions) – un million de dollars chacun d’honoraires de gestion. L’argent arrivait tous les trois mois.

Guinossar décida que Rachid aussi devait toucher sa part de dividendes. Il poussa Lev à accepter qu’un pourcentage soit déduit à l’attention de Rachid. “C’est lui qui a tout mis en place pour nous”, dit Guinossar. “Nous devons le payer.” L’argent circulait avec bonheur entre les différents holdings, était réparti entre les différents partenaires: Guinossar, Rachid et Lev. Rachid, qui suivait les investissements avec grand intérêt, prit un jour Lev à part pour lui dire: “Ecoute, Ozrad:laisse tout tomber. Ferme toutes tes autres affaires. Et ne travaille plus que pour moi.Je ferai de toi un homme riche, comme je l’ai fait pour Yossi.” Lev ne répondit pas à cette offre.

Un beau jour, Guinossar dit à Lev: “Rachid possède un compte à part ici, chez Samoukha. ” Lev ne comprit pas de quoi il parlait: “Quel compte?” Guinossar: “Un compte privé lui appartenant en propre. De l’argent passe par là.” Lev: “Quel argent? Un salaire de l’Autorité palestinienne?Guinossar: “Oui, oui, un salaire… Je t’expliquerai plus tard.”

Lev sentit immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond. Il consulta les documents ayant trait au compte, qui s’élevait alors à trois millions de dollars. Il remarqua que d’importantes sommes d’argent arrivaient sur le compte tous les trois mois. Il lui sembla clair qu’elles constituaient une forme discrète de corruption illicite, de dividendes. Mais Lev ne savait pas encore d’où venait cet argent. Avec Tony Samoukha, il établit un plan d’investissements pour Rachid. Ce dernier se montra enthousiaste: “Prends des risques encore plus grands!” disait-il à Lev de temps en temps. “N’aie peur de rien, sois sans crainte!”

C’étaient les beaux jours du High tech. La bulle ne faisait que grossir et Rachid n’avait de comptes à rendre à personne. Il était plus que tout satisfait d’investir dans la société israélienne Checkpoint, que Lev lui avait personnellement recommandée. Il voyait qu’elle se portait bien et demandait régulièrement à Lev d’acquérir encore plus d’actions. D’une façon générale, Rachid aimait prendre des risques. Il ne retira jamais d’argent de ce compte, semblant vivre uniquement de ce qu’il touchait de la Société palestinienne de services commerciaux. Il entretenait son compte suisse par esprit de jeu, par goût de la spéculation. C’était de l’argent illicite, clandestin, des dividendes. Le “travail” de Rachid n’a pas pour autant toujours été fructueux: il lui est aussi arrivé d’investir et de perdre. 

Barak ne tint aucun compte de leurs agissements

Lev commençait à rassembler les pièces du puzzle et à se faire une vision d’ensemble. Il surprit ça et là des bribes de conversation entre Guinossar et Samoukha; il apprit certaines choses de la bouche de Rachid. Il remarqua l’existence de transactions et certains chiffres sur le compte bancaire. Et il comprit. Il comprit que Rachid recevait en fait cet argent de Brichrobe, c’est-à-dire de Guinossar et Cohen, qui eux-mêmes recevaient les fonds sous forme de commissions sur les ventes de carburant et de ciment à Israël. C’était donnant donnant, chacun accordant des faveurs à l’autre. Guinossar savait toujours quand et combien d’argent Rachid allait toucher. Lev lui demandait l’information à l’avance, afin de planifier les investissements de ce dernier, et Guinossar rapportait: “Il doit toucher de l’argent le mois prochain, à peu près 300 000 ou 400 000 dollars.”

Des jours, des semaines, des mois s’écoulèrent ainsi. Les partenaires continuaient de s’enrichir tranquillement. Rachid accordait à Guinossar une part sur chaque affaire, et Guinossar le remerciait par un transfert de fonds discret. Le processus de paix continuait de dépérir. Guinossar faisait toujours la navette entre les différents bureaux officiels, en bons termes avec les personnalités haut placées de chaque mandat, toujours le bienvenu, où qu’il aille. L’influence de Guinossar était à son sommet pendant le mandat Barak. Il partait en mission nocturne presque chaque semaine, allant de Barak à Arafat puis d’Arafat à Barak. Sur le chemin, il appelait parfois Lev: “Je me rends chez le vieux”, disait-il. “Ton pote Ehoud a complètement perdu la tête, tu peux me croire.”

Guinossar fit son chemin jusqu’à Camp David, jusqu’à la décisive Conférence de paix où Arafat et Barak rencontrèrent Clinton pour tenter de mettre fin au conflit israélo-palestinien. On apprit de sources proches de Barak que l’ancien Premier ministre avait souvent reçu l’injonction, de hauts responsables des services secrets israéliens, de ne pas faire appel à Guinossar pour les missions délicates, à cause d’éventuels conflits d’intérêts. Barak ne fit aucun cas de leurs avertissements. Finalement, quand le conseiller juridique du gouvernement voulut empêcher Guinossar de se joindre à la délégation israélienne de Camp David en raison du refus de ce dernier de révéler la nature exacte de ses affaires avec les Palestiniens, Barak trouva une solution: Guinossar fut invité en tant que membre de la délégation américaine. L’essentiel était qu’il soit là. A Camp David, il joua un rôle décisif. Il ne cessait d’encourager Barak à “parler à Arafat”, exerçant des pressions de tous côtés, essayant de faire avancer les choses, faisant l’intermédiaire. D’un côté, il est clair que le processus de paix lui importe réellement, pas seulement pour des raisons financières. De l’autre, il est tout aussi clair que “la paix” a fait de lui un homme riche.

ARC: “Nous voulons de l’argent”

L’association Lev-Guinossar tenait toujours. Afin de modifier leur planification d’impôts, ils fermèrent Gromingo et montèrent une autre société à la place, du nom d’Action financière. Ils prirent Samoukha pour associé, déplaçant le siège de leurs opérations à Chypre. De là ils se déplacèrent jusqu’en Hollande, où ils engagèrent les services d’une société de gestion financière locale du nom de Cito. Entre temps, Samoukha reçut sa part du gâteau palestinien, ouvrant un portefeuille d’investissements en collaboration avec Ledbury (de près de 40 millions de dollars en provenance de Ramallah, de la banque Lombard Odier et de Soditic, sur ordre de Rachid).

Guinossar et Lev ouvrirent aussi un bureau en Israël, rue Tashah à Tel-Aviv, près de Kikar Hamedina. Ce bureau était une entité économique à part, sans rapport avec leurs activités à l’étranger.

Puis la situation économique commença à se dégrader en Israël. Il n’y avait plus de bonnes affaires en perspective. Bien entendu, Rachid vola alors à leur secours. En réunion avec Lev à Ramallah, il évoqua certains “amis et associés” qui désiraient investir. “Créons un fonds pour eux à l’étranger”, proposa Rachid. Lev comprit que les personnes en question n’étaient autres que de hauts responsables des dispositifs de sécurité [palestiniens], peut-être même des membres du Cabinet – tous des noms très connus en Israël – qui avaient accumulé des millions et désiraient également les investir. Il calma sans attendre l’enthousiasme de Rachid: “Il est impossible de créer directement un fonds à leur attention”, dit-il. “Imagine ce qui arriverait si de hauts responsables des Forces de défense israéliennes et des ministres agissaient de la sorte en Suisse. Ce n’est pas comme ça que nous devons procéder. J’ai une autre solution: plaçons leur argent dans la banque du Caire et de Amman et nommons la banque comme administrateur. La banque créera un fonds – avec Soditic, mettons, et ainsi nous aurons contourné le problème.

L’idée plut à Rachid. Le fonds fut créé et 20 millions de dollars furent transférés à la banque, laquelle démarra un fonds à Soditic. Celui-ci fut nommé ” Super A-Din”. La commission de gestion du fonds était versée à Walid Najjab, assistant et associé de Rachid, propriétaire d’une société appelée “MCS”. Il paya la part de Guinossar et Lev sous forme de commission à l’attention de leur société israélienne, qui se dénommait ARC – acronyme composé des initiales de l’expression “Nous Voulons de l’Argent” en hébreu. Ainsi, Guinossar et Lev obtenaient des fonds leur permettant de couvrir les dépenses de la gestion de leur société israélienne: cette dernière signa à accord de consultation avec la société de Najjab. Lev joua le rôle de conseiller, les commissions étaient payées, les impôts sur ces commissions étaient dûment et légalement déduits, et tout le monde était content. En d’autres termes: ARC  recevait des honoraires d’MCS pour ses services d’expertise comptable; la commission d’MCS en provenance de Soditic était payée par Super A-Din, le compte des responsables palestiniens – qui était lui-même géré par l’administration de la banque du Caire et de Amman. Tout fonctionnait à merveille!

La branche exécutive

En 1999, apparemment sous pression, Rachid décida soudainement d’embaucher un comptable à Ledbury, comme il avait été stipulé dans la “lettre de restrictions”. A Ramallah, il présenta Lev à un Arabe du nom d’Atallah, le représentant local de l’important cabinet d’expertise comptable Deloitte & Touche. Guinossar eut vent de ce qui se tramait et arrêta tout: “Laisse tomber!” ordonna-t-il de Lev. “Pourquoi aurions-nous besoin d’un comptable?” Lev bredouilla que Rachid en avait réclamé un. Guinossar répliqua: “Et alors? S’il te demande de te jeter du haut du toit, tu le feras aussi?”

Lev ne se jeta pas du haut du toit. Guinossar parvint à éloigner la suggestion du comptable. Les affaires à Ledbury se poursuivirent en secret, sans comptable. Toutes ces années, il n’y eut pas à Ledbury une seule réunion du conseil d’administration. Aucun système de surveillance interne ne fut jamais établi. Rachid et Guinossar faisaient ce qu’ils voulaient de la société.

Lev était la branche exécutive. Un jour Guinossar, qui avait la réputation s’être un homme prudent, les mit en garde: “Ce nom circule dans trop d’endroits.” Les règlements de la société furent réévalués, et son nom changé. Ledbury devint Crouper, mais à part le nom, rien ne changea.

Lev découvrit peu à peu les activités financières de Rachid. Ce qu’il savait déjà s’avéra être plus que le sommet de l’iceberg. Samoukha maintenait un large réseau de sociétés pour Rachid. La plus importante se nommait Cassandra, dont le nom de code parmi les associés était “Ronsar”. Il y avait d’autres sociétés: Nurel, Waladi, Bonification, et d’autres encore. Guinossar demanda à Lev d'”organiser” toutes ces sociétés pour lui. C’est ainsi qu’ils se réunirent tous à Genève: Rachid, Lev et Guinossar. Arfan, frère de Rachid, caméraman pour la télévision et producteur résidant à Florence, était également invité, ainsi qu’Umar Sarraj, beau-père de Rachid. Rachid [sic] bénéficiait lui-même d’un pouvoir de procuration sur toutes les transactions, sans en être propriétaire, mais en jouissant des pleins privilèges de signataire. Tout cela permit à Lev de saisir l’étendue des relations existant entre Rachid et Guinossar.

Il comprit pourquoi Guinossar tenait à accorder à Rachid un pourcentage sur les honoraires de gestion – légitimes – que tous deux [Guinossar et Lev] faisaient payer aux banques. “C’est tout un système”se dit Lev en son for intérieur, “un système fort bien agencé dont je suis un rouage. Un système très simple: Rachid ne peut directement toucher un pourcentage des affaires conclues entre l’Autorité palestinienne et les sociétés israéliennes. C’est pourquoi il a introduit Guinossar, le présentant comme un actionnaire. Guinossar fait payer la commission, puis sert Rachid avec. Steve Cohen, qui a établi le premier contact, est un associé.

Lev compara les sommes qui arrivaient sur le compte de Rachid tous les trois mois à celles qui allaient à Brichrobe, et tout devint clair. Il décida de garder le silence. Il apportait les rapports à Guinossar, sans commentaire. Ce dernier s’occupait personnellement des comptes de Rachid, avec Samoukha. De chaque somme, chaque transfert. Parfois, Guinossar décidait, de sa propre initiative, d’investir l’argent de Rachid dans diverses affaires.

Guinossar fit à plusieurs reprises participer l’Autorité Palestinienne à des aventures financières de ce type, dont une grosse affaire comprenant d’importants investissements dans la société américaine Space Imaging. Samoukha envisagea d’y investir six millions de dollars, et présenta le projet à Lev. Guinossar mobilisa immédiatement Rachid, qui investit 3.75 millions de dollars des fonds de l’Autorité palestinienne dans l’affaire. Tout se faisait grâce à l’argent de l’Autorité palestinienne, sans rendre de comptes à qui que ce soit, sans autorisation. La société dans laquelle l’argent était investi ne faisait pas l’objet de transactions boursières, et en fin de compte il n’y eut pas de bénéfices. Lev s’aperçut que Guinossar considérait les fonds de l’Autorité palestinienne comme de l’argent prêt à investir dans une variété d’aventures financières, et qu’il avait trouvé en Rachid un associé à ses activités.  

Un soir de 1998, Rachid appela Lev pour l’inviter à un dîner organisé par Martin Schlaf au casino de Jéricho. “Tu devrais venir”, dit Rachid. “Nous pourrons avoir une réunion d’affaires en même temps. ” Lev et son compagnon entrèrent dans la jeep et se mirent en route. Sur le chemin, la sonnerie de son téléphone portable retentit. C’était Guinossar, de Washington. Il avait eut vent du dîner et appelait aussitôt. “Où vas-tu?” demanda-t-il à Lev. “Voir Rachid au casino”, répondit Lev. “Arrête-toi! Fais demi-tour immédiatement et rentre chez toi! N’y vas pas “, ordonna Guinossar, ajoutant: “Personne ne doit faire le lien entre nous et le casino. Il ne doit pas y avoir de lien.”

A cette époque, Lev savait déjà que Guinossar était lié de très près au casino. Il savait que Guinossar se rendait souvent à Vienne en avion pour des réunions de travail avec Martin Schlaf, propriétaire des casinos Autriche, dont dépendait celui de Jéricho. Il savait que le casino de Jéricho était le plus rentable de la chaîne, avec un chiffre d’affaires journalier d’un million de dollar et des dépenses d’exploitation très faibles. Il décida malgré tout de se rendre au dîner. Quand il vit Rachid, il s’épancha: “Je ne peux pas continuer comme cela”, lui dit-il. “Yossi va trop loin. Je n’ai pas de force pour toutes ces bêtises.” Rachid le calma: “Ozrad, oublie tout ça. Nous avons l’avenir devant nous. Tout va bien se passer.”

Une vive altercation

Les relations entre les deux hommes devinrent de plus en plus tendues. En 1998,  Guinossar informa Lev de l’épreuve de force qu’il comptait avoir avec Steve Cohen: “Je dois réduire son pourcentage: il ne fait strictement rien”, se plaignait-il. Parallèlement, Guinossar continuait de restreindre [la sphère d’action] de Lev et d’empiéter sur sa relation avec Rachid. La même année, les directeurs de Soditic décidèrent de fermer le compte palestinien. L’un des hauts responsables de la société, qui était aussi l’un des leaders de la communauté juive de Suisse, avait découvert que Mohamed Rachid et Yasser Arafat possédaient un compte d’investissement dans sa société, ce qui l’avait rendu furieux. Guinossar se trouvait alors à l’hôtel Klum de St Moritz. Il convoqua Lev de toute urgence, lequel se trouvait en Israël. Ils se réunirent tous à l’hôtelKlum: Guinossar, Lev et les dirigeants de Soditic. L’atmosphère était lugubre. Les Suisses acceptèrent de garder le compte Super A-Din, puisque celui-ci se trouvait administré par la banque, mais voulurent se débarrasser de l’argent palestinien le plus vite possible. “Nous ne voulons pas de cet argent”, déclarèrent-ils. Autour de juillet 1998, le compte de Soditic fut fermé et l’argent transféré aux autres comptes: la banque Lombard Odier, Atlas et surtout, à la famille Samoukha, qui gérait les fonds sur un compte appelé “Atlanticommunion”, jusqu’à ce que le portefeuille Samoukha atteigne les 40 millions de dollars, début 1999. Les problèmes s’annonçaient.

Les affrontements entre Lev et Guinossar devinrent de plus en plus fréquents. Guinossar décida un jour de cesser de travailler avec Atlas, après avoir appris que les affaires menées en 1998 avaient donné des résultats négatifs. Lev souhaitait les poursuivre. Ils se querellèrent également au sujet des investissements de leur société israélienne, ARC; Guinossar fit à Lev la proposition suivante: ” Achète donc ma part de la société!” Lev fut obligé d’accepter. Ces altercations avec Guinossar lui demandaient beaucoup d’énergie. La fête financière touchait à sa fin. L’année 2000 amena une baisse des placements au niveau international. Les retours sur investissements de Ledbury se mirent à chuter. La bonne humeur aussi. 

En février 2000, Guinossar appela Lev pour le rencontrer de toute urgence. Ils se retrouvèrent au café Reviva et Celia, à Ramat HaSharon,. “Je ne peux pas continuer comme ça”, dit-il. “J’ai l’impression qu’on se paie ma tête. C’est moi qui ai tout mis en place. Tu ne fais rien, et tu profites de l’argent.” Lev lui demanda ce qu’il suggérait. “Soit on revoit la répartition, soit je laisse tout tomber”, dit Guinossar. “Si je vais voir Arafat, en une seconde il n’y aura plus de compte, plus de Ledbury.”

Le ton était calme mais tendu. Lev: “Ne me menace pas! Suggère quelque chose!” Guinossar: “Je te ferai une suggestion en bonne et due forme. Rencontrons-nous à Genève.”

Cependant, la date de la “rencontre du client” à la banque Lombard Odier approchait à grands pas. Apparemment, rien n’avait changé entre Guinossar et Lev. Et pourtant l’orage menaçait. Lev fit une proposition: de continuer à tout partager, en incluant ARC, qui lui appartenait en propre. Guinossar ajouta de l’huile sur le feu en exigeant que le nouveau partage des profits soit appliqué rétroactivement, à partir janvier 2000. Lev comprit qu’il était dans le pétrin. Sous pression, et parce qu’il n’avait pas le choix, il accepta la proposition de Guinossar: sous le nouveau système, deux tiers allaient à Guinossar et un tiers à Lev. Parallèlement, Lev s’entretint avec Rachid, lui demandant de revenir à la situation initiale.

En juin 2000, ils se rencontrèrent dans un hôtel à  Tel-Aviv, sans que Guinossar n’en sache rien, ce dernier se trouvant alors à Camp David, occupé à persuader Barak de faire un petit geste supplémentaire envers Arafat. Lev, pendant ce temps, essayait de persuader Rachid d’exercer des pressions sur Guinossar pour qu’il fasse un geste à son attention. Rachid accepta: “Je ne laisserai pas cela se produire”, promit-il à Lev. “Je ne le laisserai pas agir de la sorte.Combien te doit-on? ”

Le monde entier cherche

Lev, blessé par l’attitude de Guinossar, expliqua: “Il ne peut ainsi briser un partenariat en exigeant un partage différent. Il a amené le client, mais j’ai amené les banques. Tout cela est injustifié.” Rachid: “J’ai fait au moins 10 millions de dollars pour Yossi. Comment peut-il faire une chose pareille? Je ne le laisserai pas faire. Je te jure sur la vie de mes enfants que je suis avec toi. Je vais tout arranger.”

De la façon la plus inattendue, Rachid fit un virement de 100 000 dollars sur le compte de Lev, acompte sur les futurs dédommagements. Lev continua d’exercer des pressions et obtint 200 000 dollars de plus de Rachid – en tout 300 000 dollars de dédommagements. Selon ses propres calculs, il aurait du recevoir encore 200 000 dollars, mais il n’y avait alors plus personne pour l’appuyer.

Fin août 2001, de Tscharner convoqua brutalement Guinossar et Lev pour une réunion urgente à Genève. Il leur dit que Rachid avait soudainement retiré 65 millions de dollars de Ledbury. Guinossar en fut choqué. Il n’avait pas été averti et Lev n’avait bien entendu pas été informé du retrait. C’était le début de la fin de Ledbury. Guinossar et de Tscharner allèrent trouver Rachid au Caire et tous trois se mirent d’accord pour progressivement fermer le compte. Ledbury, qui était devenu Crouper, connut une mort douce. Mais où ont disparu les fonds? La réponse n’est pas claire. Rachid prétend qu’ils se trouvent à leur juste place. Mais le reste du monde continue de rechercher frénétiquement les sources palestiniennes d’approvisionnement et les comptes en banque secrets d’Arafat.

Le complot du silence

Comment Guinossar a essayé de taire l’affaire

Guinossar s’est entretenu à plusieurs reprises avec Lev ces derniers temps, essayant d’exercer des pressions pour que ce dernier ne dévoile pas toute la vérité. Il lui a demandé “de ne parler à personne et de se méfier des appels téléphoniques, même entre eux.”

Lev: “Comme ce serait sympathique qu’ils nous attrapent et nous pendent parce que nous avons géré ces fonds! Nous avons été conseillers.”

Guinossar: “Ce n’est pas le bon mot: nous étions des courtiers. Je t’ai toujours dit de ne pas parler de la gestion des fonds!”

Lev: “Il dira que nous assistions chaque mois aux réunions d’affaires.”

Guinossar: “Qu’il dise ce que bon lui semble. Toi, tu diras ce que tu as envie de dire: que tout cela est faux… Tu devrais savoir que c’est là un principe de base.”

Lev: Je ne suis pas un saint

Lev, associé passif de Guinossar et ancien spécialiste des recherches des services secrets, est parfaitement conscient des éventuelles conséquences de ses révélations. Et non: il ne souhaite pas se venger.

” J’ai longtemps fait partie du système”, admet Ozrad lev. “J’ai participé, même si ce n’est que passivement, à des actes illégaux et immoraux. C’est pénible pour moi de vivre avec ça [sur la conscience]. Bien qu’ayant été impliqué dans toute cette affaire, je suis heureux de pouvoir aujourd’hui aider à la dénoncer.” Lev, 42 ans, n’est pas un saint. Il le sait. Pendant des années, il a récolté des bénéfices considérables sous forme de commissions reçues pour la gestion stratégique des comptes en banque palestiniens en Suisse.

Une agréable découverte: Je [le journaliste] connais Lev depuis plus de trente ans, depuis nos années d’école primaire à Holon. Ces vingt dernières années – depuis le service militaire -, nous avions plus ou moins perdu le contact. Lev est un produit des services secrets militaires. Il était adjudant-major. Il s’est spécialisé dans la recherche et sait comment lire les rapports des services secrets. Il est parfaitement conscient de la gravité de son implication dans ces activités financières et de ce qui l’attend, maintenant que l’affaire a été rendue publique.”

Vous devez admettre qu’il existe un élément de vengeance là-dedans

“Foutaises! La vengeance ne sert à rien dans le monde des affaires. Si j’avais voulu me venger, je l’aurais fait depuis longtemps.”

Qu’est-ce qui est condamnable dans les agissements de Guinossar?

“Tout d’abord, ses activités revêtaient à mon sens un aspect immoral. Surtout toute cette affaire de rétributions illicites. Cela mis à part, il n’est pas en droit d’avoir des intérêts de l’autre côté.

La première personne à réaliser la nature problématique des activités de Guinossar a été, me semble-t-il, l’actuel Premier ministre et son fils. Ils ont réduit sa marge de manœuvre et ont mis un frein à ses activités.”

Guinossar: l’Etat s’est servi de moi.

“Tant que je travaillais pour l’Etat, comme messager pour ses dirigeants et institutions, et pour le Shin Beth, tant que j’étais chargé par du Premier ministre de la coordination des affaires ayant trait aux prisonniers de guerre et aux portés disparus, je n’étais porté que par une loyauté sans faille envers l’Etat, envers ma mission et ceux qui m’en avaient chargé. La reconnaissance que m’ont manifestée les dirigeants du pays et les chefs des services de sécurité pendant toutes ces années le prouvent bien.

En traitant avec l’Autorité palestinienne et d’autres organismes arabes dans la région, je ne faisais qu’obéir à l’Etat, profitant de mes connaissances palestiniennes. Je le faisais bénévolement, payant de ma poche tous les frais occasionnés. J’ai contribué de façon significative, non seulement au processus de paix, mais aussi, de façon beaucoup plus directe, à la sécurité des citoyens israéliens, au point parfois de littéralement sauver des vies. Toute allusion pernicieuse, toute tentative de jeter le doute sur les services rendus est malveillante et sans fondement.

C’est l’Etat qui s’est servi de moi et de mes contacts, et non l’inverse. Je n’ai jamais demandé qu’on m’accorde le moindre crédit ni la moindre récompense, et je n’y ferais même pas allusion sans l’existence de sous-entendus malveillants dans les questions que m’a posées ce journaliste avant la publication de l’article. Toutes mes activités d’homme d’affaires ont été menées dans le cadre de la loi, et les rapports requis dûment présentés aux autorités compétentes…

Toutes ces années, l’Etat d’Israël et ses institutions commerciales ont essayé de maintenir les affaires avec les entités arabes à chaque fois que c’était possible… Je suis amené à penser que l’on essaie de tirer avantage de la situation tragique qui existe entre nous et les Palestiniens aujourd’hui pour salir des affaires qui étaient autrefois considérées comme normales et acceptables.

L’impression générale créée par la formulation des questions est que, dans le cadre de mes contacts avec l’Autorité palestinienne, je poursuivais mes propres intérêts financiers, alors que j’étais censé travailler pour le compte de l’Etat. Cette présentation des faits est sans fondement…

C’est précisément pour mes relations privilégiées avec les Palestiniens et les Arabes à l’étranger que les dirigeants israéliens m’ont contacté. Si ces derniers ont fait appel à moi pour promouvoir les intérêts et assurer la sécurité de l’Etat, c’est parce qu’ils me faisaient totalement confiance, me connaissant et ayant entendu parler des services que j’avais rendus à l’Etat.

Haaretz, le 12 décembre 2002

Guinossar avant et après,

par Akiva Eldar

Il fut un temps où Guinossar faisait partie des invités de la famille Sharon. La presse raconte qu’un certain “Yossi Guinossar du Shin Beth” figurait parmi les quelques invités privilégiés de Sharon à la cérémonie de l’allumage des bougies dans le quartier musulman, il y a quinze ans. C’est le même Guinossar que Sharon a fait poursuivre par le conseiller juridique du gouvernement, le soupçonnant de n’avoir pas fait assez pour délimiter ses affaires personnelles avec les Palestiniens des services rendus en tant que médiateur politique. On se souviendra qu’Eliakim Rubinstein n’a pas ordonné d’ouvrir l’enquête sur l’ami de Sharon, Aryeh Ganger (qui bénéficiait aussi de la citoyenneté américaine); il semble assez clair que les missions dont Ganger était chargé pour le Premier ministre à la Maison blanche n’ont pas causé de tort à ses affaires.

Rubinstein n’a pas non plus, il y a quatre ans, ordonné d’enquête sur la mystérieuse mission autrichienne de Dov Weisglass, alors avocat de Sharon. Weisglass s’était rendu en Autriche avec Eitan Bentsur, alors directeur général de Sharon au ministère des Affaires étrangères, et Omri Sharon, fils du ministre [Sharon]. Ces émissaires prétendent que la visite avait pour but de contacter des représentants palestiniens au sujet du cessez le feu en vigueur dans les territoires. Les médias affirment que la visite avait pour but de promouvoir l’ouverture du casino de Jéricho, en rapport avec les intérêts du client de Weisglass, l’homme d’affaires Martin Schlaf. Mohamed Rachid, la star des rapports de médias sur les affaires de Guinossar, représentait les intérêts palestiniens au casino.

Notons que c’est le cabinet d’avocat d’Avi Pelosoff qui a accompagné Guinossar dans ses affaires avec les Palestiniens. Pelosoff est le mari de Dalia Rabin-Pelosoff, qui était encore, il n’y a pas si longtemps, vice-ministre de la Défense – ce qui met en doute l’affirmation selon laquelle toute l’affaire n’est que business illégal avec des éléments de l’Autorité palestinienne.

Maariv, le 19 décembre 2002

Rubinstein, Conseiller juridique du gouvernement: “Une enquête devrait être ouverte sur Guinossar”. Pour cause de fausse déclaration à la Haute Cour de Justice. Une source policière: “Nous serons forcés d’enquêter sur Ehoud Barak”,

par Ben Caspit et Ami Ben-David

Le conseiller juridique du gouvernement Eliakim Rubinstein a ordonné à la police d’ouvrir une enquête sur l’homme d’affaires Yossi Guinossar, le soupçonnant defausse déclaration à la Haute Cour de Justice au moyen d’une fausse déposition signée par Danny Yatom, [alors] chef des quartiers généraux politiques et sécuritaires au bureau du Premier ministre [alors Ehoud Barak]. Il a également ordonné d’évaluer le degré d’implication des hommes d’affaires israéliens dans la gestion des fonds palestiniens et les liens de nature économique les rattachant aux hommes d’affaires palestiniens.

Maariv a appris que l’enquête serait centrée sur la déposition soumise à la Cour suprême en réponse à un appel du membre de la Knesset Tzvi Hendel. Selon la déposition, il n’y aurait aucun conflit d’intérêts entre les affaires que Guinossar a menées avec l’Autorité palestinienne et ses missions politiques pour le Premier ministre Ehoud Barak.

Les enquêteurs cherchent à prouver l’existence de liens d’ordre économique entre Guinossar et l’Autorité palestinienne en général, et [entre Guinossar et] Mohamed Rachid en particulier. Ils tiennent en particulier à prouver que Guinossar a reçu des fonds d’éléments palestiniens… Guinossar pourra alors être accusé d’avoir trompé la Haute Cour ou de lui avoir soumis une fausse déclaration.

Il n’est pas impossible que l’enquête prenne d’autres directions si la police prouve que Guinossar a agi comme un fonctionnaire sans en être un. L’enquête emprunte actuellement plusieurs voies. Toutefois, comme il a été noté plus haut, l’accent demeure sur la déposition.

Rubinstein lui-même a déclaré dans une interview que l’enquête atteindrait les échelons politiques supérieurs. “Ce qui se révèle à présent nécessitait une enquête policière. Cette enquête suit actuellement son cours. La déposition de Danny Yatom est aussi examinée; elle affirmait que Guinossar n’avait aucun lien avec l’Autorité palestinienne. Danny Yatom n’a pas menti. Il a signé la déposition, et ce qu’il a dit était conforme aux documents qui se trouvaient à sa disposition.” ~


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