” Les événements ont débuté le 10 décembre 2002, par une paisible manifestation de près de 150 membres du parti Yakiti, en face du Parlement de Damas. La manifestation était la première du genre depuis 40 ans, depuis que le parti Baath est au pouvoir en Syrie. Des sources au parti précisent que la date a été fixée pour coïncider avec la Journée internationale des droits de l’homme.
Les manifestants ont brandi des pancartes appelant à cesser la répression du peuple kurde en Syrie et à reconnaître leur identité nationale. On pouvait y lire, entre autres : ‘Que la Syrie soit une patrie pour tous ses fils : Arabes, Kurdes et [autres] minorités !’ ; ‘La citoyenneté aux Kurdes !’ ; ‘En finir avec l’interdiction de la langue et de la culture kurdes !’ et ‘Le respect des droits de l’homme en Syrie !’
Au cours de la manifestation, un communiqué contre la discrimination des Kurdes en Syrie a été publié, mentionnant les injustices subies, comme ” le refus de leur accorder la citoyenneté, les villes et les villages [kurdes] renommés de noms arabes, la discrimination au niveau des ressources allouées…, le rejet de la culture et de la langue kurdes, la non-reconnaissance par la constitution de la nationalité kurde, qui représentent près de 12% de la population.
Deux dirigeants de partis, Hassan Saleh et Marwan Othman, ont rencontré le président du Parlement, M. Abd El-Qader Qadourah, sur la demande de ce dernier. Selon des membres du parti, Qadourah a promis de communiquer leur message aux responsables politiques…
Les deux parties ont évoqué la ‘souffrance du peuple kurde face à la discrimination, la nécessité d’une reconnaissance constitutionnelle de la présence du peuple kurde en Syrie comme deuxième nationalité, la [reconnaissance également] de ses droits culturels et linguistiques, le problème des Kurdes privés de citoyenneté au cours du recensement de la circonscription d’Al-Hasichi en 1962, la distribution de terres kurdes à des Arabes en provenance d’autres régions et la politique de ‘changement démographique’ [imposé] dans des quartiers kurdes.’
Qadourah a déclaré qu’il n’existait pas de discrimination en Syrie entre Arabes et Kurdes, faisant montre de compréhension face au problème de la citoyenneté. Saleh et Othman ont souhaité que cette entrevue marque ‘le début d’un dialogue sérieux et responsable entre le mouvement kurde et la direction politique syrienne, afin de trouver une solution au problème kurde en Syrie.’
Trois jours plus tard débutait la vague d’arrestations.”
[1] Akhbar al-Sharq (Internet), le 14 décembre 2002
[2] Akhbar al-Sharq (Internet), www.thisissyria.net