Le chroniqueur tunisien libéral Al-‘Afif Al-Akhahdar discute du rôle des décrets religieux islamiques [fatwas] dans l’incitation au terrorisme. L’article, publié dans le quotidien londonien de langue arabe Al-Hayat, est intitulé « Peut-on répondre à une fatwa incitant au crime ? » En voici quelques extraits :
Si l’on prouve que le pétrolier français a bien été l’objet d’un attentat, on ne pourra plus échapper à une analyse froide visant à déterminer qui profite du crime. Sans devancer les conclusions de l’enquête attendue, on peut clairement constater, au vu des circonstances de l’événement, que l’instigateur et bénéficiaire des événements du 11 septembre à Washington et New York a aussi organisé l’opération contre le pétrolier français ou y a tout au moins participé.
Le but d’actes terroristes de ce type n’est un mystère pour personne, et il n’est pas inconcevable que ceux qui y aient pris part soient ceux-là mêmes qui cherchent à embusquer les Arabes et les musulmans en attisant la haine à leur égard. Je suis certain que l’instigateur et bénéficiaire des événements du 11 septembre n’est pas à mettre hors de cause dans l’incident du pétrolier français.
La cause des attentats terroristes contre des cibles américaines pourrait être l’insistance [américaine] à soutenir Israël dans son hostilité à l’égard des droits des Arabes. Mais rien ne justifie le choix de cibles françaises. Qu’ont à gagner Arabes et musulmans en s’attaquant aux intérêts de la France, l’amie qui défend les droits des Arabes et des Palestiniens et qui, avec d’autres Etats, s’oppose à une offensive militaire en Irak ?
Un véritable [esprit] de justice ainsi que [la nécessité] d’assurer la sécurité et la stabilité dans le monde nous obligent à déduire qu’Israël est l’Etat susceptible de perpétrer un attentat de ce type, en raison de ses opérations nazies accomplies quotidiennement contre le peuple palestinien depuis son rejet des résolutions de l’Onu, résolutions que les Etats-Unis utilisent comme argument naïf à la justification de leur coup militaire dont le pauvre peuple irakien – et non le régime de Saddam Hussein – sera la seule victime.
Les enquêteurs … essaient toujours de déterminer à qui profite le crime. L’enquête consécutive aux événements du 11 septembre (lesquels ont transformé les Etats-Unis en taureau prêt à bondir sur les Arabes et nourri du désir de vengeance)… révèle sans grand mal que le sanguinaire Sharon et sa bande sont les seuls à profiter des événements ; ils ont réussi à tromper [le monde] en créant un lien entre le combat des Palestiniens, qui bénéficie du soutien international contre l’occupation nazie d’Israël, et ces actes terroristes. Il ne fait aucun doute que leur récupération réussie de la rage américaine causée par l’atteinte portée à l’honneur et l’arrogance des Etats-Unis… les encourage [Sharon et sa bande] à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour influencer la position française, laquelle soutient la partie arabe.
Selon cette logique, il n’est pas possible de laver de tout soupçon le Mossad israélien et ses dispositifs de renseignements… concernant le pétrolier français, si l’on prouve que celui-ci a bien été la cible d’un attentat. C’est un principe bien connu dans le monde de la criminologie : cherchez à qui profite du crime pour trouver ensuite sans mal qui en est à l’origine. ~