L’hebdomadaire palestinien Al-Manar [1], dans le numéro précédant l’assassinat d’Abou Ali Moustapha (ex-dirigeant du FPLP), a publié deux articles comprenant des appels explicites à attaquer les ambassades américaines et les autres intérêts américains au Proche-Orient. Voici l’éditorial, intitulé « Bush et ses rêves idiots »:
« Georges Bush a témoigné plus d’hostilité envers le peuple palestinien et ses représentants que tout autre dirigeant américain prétendant être neutre et parrainer le processus de paix.
En témoigner ne revient aucunement à louer les précédents dirigeants. Il n’y en a pas un qui, à sa façon, n’ait aussi servi les intérêts sionistes dans la région et partout ailleurs dans le monde. Quoi qu’il en soit, certains ne perdaient pas de vue que les Arabes et les musulmans, très nombreux, pourraient perdre le contrôle d’eux-mêmes, que leur colère pourrait exploser, les conduisant à détruire certaines ambassades américaines, à bombarder et mettre le feu à certains vaisseaux militaires américains se trouvant à proximité des côtes arabes.
George Bush ne se contente pas de ressembler à son père; il tient à témoigner encore plus d’hostilité que ce dernier à la nation arabe et à sa cause suprême (…) Son aveuglement mental et politique est tel qu’il confond les bourreaux et les victimes, exigeant des victimes qu’elles demeurent immobiles, le couteau sous la gorge. Ainsi le couteau demeurerait intact et la main du criminel le tenant ne se fatiguerait pas.
Il ne suffit pas au dirigeant du plus grand Etat terroriste d’avoir érigé un pont qui le relie au monde de l’occupation, et grâce auquel il lui fournit ses obus, ses missiles, ses armes les plus sophistiquées et les plus meurtrières, pour qu’elles mettent les corps en morceaux et déchirent le foie des enfants, démolissent les maisons et les arbres du peuple palestinien. Il exige en plus que les dirigeants de ce peuple servent de gardes au couteau de l’assassin, afin de le protéger de la colère et de la vengeance des masses, et de forcer les dirigeants à renoncer à leur rôle, qui est de rétablir les droits de leur peuple une bonne fois pour toutes. Bush voudrait que les dirigeants palestiniens se transforment en fidèles serviteurs du sionisme et de ses colons. Ce n’est pas tout: il va jusqu’à rêver qu’il peut exiger d’eux qu’ils assiègent leurs propres combattants, les arrêtent, et même qu’ils les tuent, pour qu’enfin les sionistes puissent réaliser leur aspiration qui est de récupérer une terre sans son peuple, ce qu’ils n’ont pas encore réussi, et ne réussiront pas à faire (…).
La stupidité des ennemis du peuple palestinien – les gens comme Bush et Sharon – qui attaquent cruellement les quartiers généraux, les commandants et les membres des services de sécurité palestiniens, ne fait que renforcer les liens qui relient les différentes parties de ce même corps qu’est le peuple palestinien, et qui relient ce peuple au symbole de leur lutte: leur dirigeant, le président Yasser Arafat. »
Voici ce que dit un autre article, signé Karim:
« (…) Bush aurait modifié sa position, hostile à notre peuple et à ses dirigeants, si seulement ses intérêts dans la région avaient été menacés. Il n’aurait pas soutenu Sharon et ses attaques si les intérêts américains avaient réellement été mis en danger.
Nous n’accusons pas les régimes arabes, qui sont déjà devenus des paillassons de la Maison blanche, mais nous reprochons leur silence aux masses. Pourquoi les masses ne secouent-elles pas la poussière de l’inaction de leurs épaules? Est-ce que les masses attendent une décision des régimes arabes pour descendre dans la rue et détruire les intérêts du tyran américain?
Nous attendons le rugissement de la population arabe qui brisera le silence complet dont Bush et Sharon profitent pour continuer leurs attaques. Les frontières ne s’ouvrent pas grâce aux décisions des dirigeants. Elles s’ouvrent quand le peuple se soulève, et c’est ce que nous attendons depuis longtemps. Bush est complice des agressions et il les soutient. Alors qu’est-ce que la nation attend pour agir? » [2]